Aergie - Episode 6 - La vie est un long fleuve tranquille...la mort aussi
Ni les dieux, ni les hommes, ni le plan de la mort n'avaient jamais connu celà.
Par millions, des fils s'étiraient depuis le sol vers les cieux finissant par se rompre et poursuivant seuls la route du fleuve des âmes.
A l'embase de chaque fil, un corps sans vie laissait s'échapper l'ultime étincelle puis le fil se cassait lorsque aucun retour arrière n'était plus possible, fonctions vitales arrêtées.
Les âmes s'évadaient de leur prison corporelle temporaire pour emprunter la route du monde originel.
Je suis Era et je suis morte. Je sens en moi la force de ma vie passée sur Terre a déchiffrer les énigmes mathématiques complexes de la physique des plans et je me souviens mes anciennes vies, je suis libérée et je suis triste à la fois.
Je suis Eléana et je suis morte. Je sens en moi comment mon existence de techno magicienne a été vaine en percevant ce massacre autour de moi mais je suis sereine au souvenir de mes nombreuses vies qui me donnent cette force infinie qui me guide.
Je suis Kioping et je suis mort. Je sens que la douce que je devais épouser ne me verra pas le jour de notre mariage et en même temps je perçois combien de fois nous nous étions déjà rencontrées dans nos vies passées. Ne sois pas triste ma douce car je suis libre et je te reverrai un jour.
Je suis Larsen et je suis mort. Je sens que ma vie terrestre trop courte m'a comblée de toutes les richesses qu'un homme à le droit d'espérer. C'est injuste de partir si vite mais c'est le sens de la vie et mes vécus précédents m'entourent de leur expérience et de leur chaleur. Je me sens bien.
Je ne sais pas qui je suis et je prends conscience d'exister. Je ne suis qu'un fil au dessus d'un nouveau né égorgé enlassé par une mère abattue. J'ai cette sensation de vide. Qu'est ce que je fais ici ? Qui suis je ? je n'ai aucun souvenir et combien j'ai peur.
Je vois un homme en blouse blanche arborant un écusson de rouge et de bleu entremêlés portant l'inscription IE retirer cette flêche qui m'a transperçée la gorge.
Et je perds le fil de ma non vie terrestre sans souvenir ni passé, je suis vide de sens, je ne sais pas où je vais.
Au revoir la terre, je suis née et je suis morte.
Ce qui m'angoisse, c'est que je ne suis personne, que je n'étais personne.
La flèche qui m'a égorgée n'est pas la raison de ma gorge nouée.
Immatérielle ma sensation de vide, Rien n'a de sens.
Ou pas encore, non, pas encore...
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