gare suite +petite suite
Puis subitement l'envie d'un café me fit me lever et me diriger vers le fond du hall de la gare. Des militaires discutaient en attendant leur train, sans doute en avance comme moi. La machine à café était bruyante, mais elle me fit toutefois un café. Mon gobelet à la main je regagnai ma place quand le coup de coude d'un énergumène attifé comme un as de pique me le renversa d'un coup. J’attendais ses excuses, quand je reconnus la Mouche, je failli éclater de rire .Il avait un bonnet trop grand pour lui, et des vêtements qui dataient un peu , je lui glissai à l'oreile:
- t'as hérité les fringues de ton grand-père?
- non, c'est pour ne pas me faire repérer !
- ah !
Puis plus fort :
- oui monsieur le train pour Paris part bien dans dix minutes quai A , tenez si vous voulez j'ai là un dépliant avec les horaires de retour aussi.
Et je le lui tendis avec à l 'intérieur le billet aller et retour pour Rouen. La Mouche me remercia finalement il était plus poli dans ce rôle que de façon générale.La gare s'était, avec l'approche du rapide, bien remplie et maintenant était en effervescence. Je pris la direction du quai A sans me retourner. Les hauts parleurs diffusaient un message incitant à s'éloigner du quai et annonçaient l'arrivée imminente du rapide en provenance de Brest. Je vis en montant que la Mouche était à l'autre bout de la voiture . Je trouvai une place dans le sens de la marche coté fenêtre, une femme âgée vint s’asseoir auprès de moi. Le train repartait. Les paysages défilaient et le bruit régulier du train sur les rails m'endormait . Ce matin j'avais quitté mon artiste tôt et je songeais maintenant à elle. . J'étais allongé sur la banquette d'un train après avoir quitté l'armée, cinq ans en Afrique. Je me souvins que j'avais un peu froid pour un mois de juillet, le contraste entre la chaleur africaine et l'humidité qui régnait à mon retour. J'avais fini par m'allonger sur la banquette puisque le compartiment était vide à cette heure et le train de Rouen peu fréquenté. A mon réveil , elle était en face et avait posé ses yeux noirs sur moi en souriant. Je m'étais redressé , un peu gêné, pour m’asseoir et remettre mes chaussures .Elle me dit :
- vous parliez en dormant.
- je n'ai pas dit de mal de vous au moins ?
- non répondit elle en riant .
- bien !.
- vous êtes militaire ?
- non , j'étais,je viens de quitter.
- vous ?
- un peu artiste , beaucoup galère.
- ah ! On peut se serrer la main, enfin pour la galère.,
- Claire se présenta- t -elle, Pascou lui répondis je.
Le train freinait en faisant un bruit de ferraille, il arrivait en gare, ma voisine se levait se préparant à descendre. Posant une revue sur mon siège , je pris la valise de la vieille dame pour l'aider à quitter le train et pour rejoindre discrètement la Mouche près de la porte de sortie..
- merci jeune homme, bon voyage! me dit elle en descendant sur le quai .
La Mouche me confirma que j'étais en effet bien suivi, un homme deux places derrière moi en bordure d'allée et une femme de l'autre coté de celle ci. Faisant semblant de me tromper de place, je dépassais la mienne pour revenir sur mes pas et voir les têtes de ceux qui me suivaient. Un coup d'œil discret me suffit pour enregistrer mes pisteurs. Puis me rasseyant, je fis semblant de me plonger dans ma revue .Dans une heure nous devrions arriver à Montparnasse.Puis je repensais à ma rencontre avec Claire aux yeux sombres, ce jour là le train roulait dans l'autre sens en direction de st Lazare, Rouen st Lazare et sur une autre ligne. La proche banlieue défilait l'arrivée était proche. Le silence devenait pesant, c'est elle qui parla en premier:
- ou allez vous sans indiscrétion?
- Montparnasse.
-Gare de Lyon.
-et ensuite?
-chez une tante dans le sud pour les vacances, huit jours, elle part en Amérique et je garde ses chats, passionnant n'est ce pas dit elle en riant.
- oh! il y a pire.
- voulez vous m'accompagne dit elle en riant, enfin si vous n'êtes pas allergique aux chats?
L'armée m'avait préparé à me battre, à garder mon sang froid en toute circonstance, cacher mes émotions, mais pas à ça.Je répondis une banalité:
- j'ai un train!
- dommage.
Puis ce fût le silence, redoutable. On se quitta sur le quai de la gare difficilement, il y a des rencontres comme ça du hasard qui laissent des regrets, regrets de n'avoir pas choisi les mots, de penser une chose et d'en dire d'autres, plates et sans aucune valeur. Je la regardai s'éloigner figé. Puis elle disparue dans la foule. Je me dirigeai vers la sortie passant devant les casiers à bagages, je ne sais pas pourquoi, j'en ouvris un, y mis mon sac pour avoir les mains libres et me mis à courir vers le Métro, direction Gare de LYON.
Mon train venait de passer Versailles -Chantier, ralentissait, l'arrivée en gare Montparnasse n'allait pas tarder.
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