Aller au contenu
  • billets
    19
  • commentaire
    0
  • vues
    8 086

La transgression


Valona

1 112 vues

L'indicible plaisir de la transgression

J'ai le privilège de vivre à la campagne, dans un endroit retiré, isolé. Dans notre grande demeure, avec mes parents, nous pouvons vivre cette situation particulière dans les toutes meilleures conditions. J'ai ma chambre à l'étage. Une grande salle de bain pour moi toute seule. Au fond du large couloir il y le balcon qui donne sur la petite colline, sa forêt. C'est une image majestueuse. Source de calme intérieur, de sérénité et d'une douce plénitude. La saveur élégiaque d'une vie loin de tous tourments. Depuis toute petite je vis ici une existence exaltante.

Lorsque je sors par une des deux portes fenêtres du grand salon, que je descends les quatre marches en demi cercle du perron, je me retrouve sur la pelouse. Le grand bassin. Son petit pont en bois. Avec les beaux jours, nous mangeons dehors, à l'ombre du saule pleureur. Papa a sorti le mobilier de jardin dès la mi avril. Je retrouve la balancelle où j'aime à m'installer sur les épais coussins pour lire. Lorsque maman vient me rejoindre, je la sollicite. Elle me pose des questions et je donne les réponses. Cela l'amuse. Ce sont des exercices. Mes cours en ligne en abondent.

Je descends le long de la rangée de cyprès. Là, entre les haies de lauriers et de houx, je peux observer sans être vue. Il y a environs trois cent mètres jusqu'à la poterne. De là, je peux sortir de notre propriété à la hauteur du pré. Il fait environ deux cent mètres dans sa largeur. Je le traverse en longeant les fourrés sur sa gauche. J'arrive sur le sentier qui longe la rivière. C'est un sentier escarpé. En contre bas, la rivière. Large de six mètres. En marchant trois cent nouveaux mètres, ses eaux deviennent tumultueuses pour se transformer en torrent. Deux mètres plus bas.

Il est impossible d'emprunter ce sentier, sur ses trois kilomètres autrement qu'à pieds. Il y a des endroits réellement dangereux. A tel point que sur son côté gauche, une chaîne est fixée dans la roche. Le torrent est à trois mètres plus bas. Les roches forment là les marches d'un escalier naturel. Je connais ce sentier dans ses moindres méandres. Je viens y rôder seule depuis mon adolescence. Il y a deux miradors. On y accède par une étroite sente qui grimpe la pente sur une vingtaine de mètres. Je monte sur un des miradors encore très souvent au premiers beaux jours.

Là, en haut de l'échelle que je tire, je peux surveiller les deux sens du sentier. J'ai passé là tant d'après-midi avec mes livres, des petits gâteaux, ma bouteille de jus de fruits. Ma petite paire de jumelles. C'est ici que je me suis initiée aux plaisirs de "voir". Rester dissimulée pour observer. J'en ai vu des choses ! Pas sur le sentier. Mais de l'autre côté, à une cinquantaine de mètres. Un lieu de rendez-vous "secrets". Mais aussi un lieu de promenade des cueilleurs de champignons à l'automne. Ils s'en passent quelquefois de "belles" dans les coins retirés. Exquis.

J'ai donc passé beaucoup de temps ici durant ce confinement. Au-dessus du sentier, un peu partout, l'épais feuillage des acacias. Je peux donc évoluer ici, comme en temps normal, tout en restant totalement invisible. Je n'y ai jamais croisé personne. A part un agriculteur, sur son tracteur, de l'autre côté de la rivière, dans son champs. Jusqu'à lundi dernier. Un promeneur. Un autre "évadé" vivant les indicibles plaisirs de la transgression. Le bourg est tout de même à près de 4 km. Il ne m'a pas vu. Je reste invisible. Prudente. Secrète. Mais moi je l'ai vu. Deux fois.

Je n'ai absolument aucune intention d'entrer en contact avec qui que ce soit. J'aime la solitude. J'ai l'extrême privilège d'être fille unique. Personne pour disputer ma couronne de "Reine". Depuis quelques jours, je suis "confinée" à l'intérieur. Il fait une météo épouvantable. La pluie. Le vent. Cette détestable fraîcheur. Je mets cette fatalité à profit pour prendre de l'avance sur mes cours en ligne. J'aime surprendre mes professeurs. Leurs visages étonnés quand ils m'entendent développer les prémices du concept qu'ils enseignent. Mais j'attends mes prochaines escapades.

Bisou

 

Nathalia - H.jpg

0 Commentaire


Commentaires recommandés

Il n’y a aucun commentaire à afficher.

Invité
Ce billet ne peut plus recevoir de commentaires supplémentaires.
×