L'écriture sur les forums

[Blaquière 11 583]

Et si les smileys c'était pour se cacher, se désengager, pour dépersonnaliser ce qu'on vient de dire ? Ou veut dire ?

Pour se banaliser.

(Ce n'est pas vraiment moi qui parle puisque ce dessin, c'est pas moi qui l'ai fait.)

C'est l'impression que je viens d'avoir en lisant un autre sujet.

Le smiley induirait une distance ?...

Modifié le 5 septembre 2014 par Blaquière

[yop! 5 175]

Parle à mon smiley ! ==> :blush:

C'est sûr qu'il créé déjà une petite distance humoristique. Il en créé une autre en étant notre "interprète émotionnel" (mais c'est un faux interprète car on peut le manipuler comme on veut). Paradoxalement, c'est un outil servant à la convivialité.

Je pense qu'il faut le regarder au-delà de la standardisation humoristique qu'il propose. Les gens ne communiquent pas au premier degré, avec le smiley... même si sa nature analogique trompeuse peut brouiller les pistes;

[Invité lobotomie_]

Et même nous brouiller l'écoute.

[Ocytocine 3 811]

:smile2:

[Anna Kronisme 768]

Blaquière, la question que tu poses est intéressante mais, elle ne peut pas se restreindre au smiley car, le dessin concerne également la lettre puis le mot... la phrase, la ponctuation, etc.

Et là, nous rejoignions le topic initié par Dentelle de mots : Principe de lecture et d'écriture

Antonin Artaud avait raison d’affirmer que toute l’écriture n’est que de la cochonnerie. On ne devrait jamais trop estimer l’écriture, trop estimer le poids des mots. Les mots ne sont rien, ou ne sont qu’à peine. Ils n’ont aucune réalité digne de ce nom, ils ne sont que des spectres qui rôdent entre les êtres et les hantent, et tentent de mélanger les fils de la toile qui relie les hommes. Les mots puent.

Si je réécris ton intervention en mettant le mot "écriture" en lieu et place de "smiley" :

Et si l'écriture c'était pour se cacher, se désengager, pour dépersonnaliser ce qu'on vient de dire ? Ou veut dire ?

Pour se banaliser.

(Ce n'est pas vraiment moi qui parle puisque ce dessin, c'est pas moi qui l'ai fait.)

C'est l'impression que je viens d'avoir en lisant un autre sujet.

L'écriture induirait une distance ?...

Oui...

[Invité Leopardi]

à mon humble avis, AnnaK, ça n'a rien à voir justement. Imaginons quelqu'un qui tague... un smiley ? Ah, non, ça n'arrive pas.

[Blaquière 11 583]

Le "brouiller l'écoute" de Lobotomie m'a mis en forme pour le journée !

J'en reste là !

Bonne journée à tous !

[Blaquière 11 583]

Blaquière, la question que tu poses est intéressante mais, elle ne peut pas se restreindre au smiley car, le dessin concerne également la lettre puis le mot... la phrase, la ponctuation, etc.

Et là, nous rejoignions le topic initié par Dentelle de mots : Principe de lecture et d'écriture

Si je réécris ton intervention en mettant le mot "écriture" en lieu et place de "smiley" :

Et si l'écriture c'était pour se cacher, se désengager, pour dépersonnaliser ce qu'on vient de dire ? Ou veut dire ?

Pour se banaliser.

(Ce n'est pas vraiment moi qui parle puisque ce dessin, c'est pas moi qui l'ai fait.)

C'est l'impression que je viens d'avoir en lisant un autre sujet.

L'écriture induirait une distance ?...

Oui...

On pourrait dire ça, puisque c'est pas moi non plus qui ai forgé les mots...

Mais non !

Puisque le smiley est une pensée ou une idée fermée toute faite et que le mot n'est qu'un élément de pensée.

Qu'une brique quand le premier est un mur.

Je peux choisir des briques pleines ou creuses.

Je peux construire mon mur avec des fenêtres et des portes où je veux.

(là je me réjouis de ma propre bêtise métaphobrique !)

[Blaquière 11 583]

Je file la métaphore des briques.

Oui les mots servent à cacher une partie de ce que je suis

Le mur

Mais aussi à en construire une autre

Un autre mur.

Laquelle de ces deux parties est le plus moi ?

Celle (instinctive?) que je maquille ou celle (flatteuse?) que j'imagine ?

[Anna Kronisme 768]

à mon humble avis, AnnaK, ça n'a rien à voir justement. Imaginons quelqu'un qui tague... un smiley ? Ah, non, ça n'arrive pas.

Justement, comment reconnaître l'auteur d'un tag, d'un écrit, d'un smiley, etc. ?

S'il ne signe pas, il est bel est bien caché, non ?

On pourrait dire ça, puisque c'est pas moi non plus qui ai forgé les mots...

Mais non !

Puisque le smiley est une pensée ou une idée fermée toute faite et que le mot n'est qu'un élément de pensée.

Qu'une brique quand le premier est un mur.

Je peux choisir des briques pleines ou creuses.

Je peux construire mon mur avec des fenêtres et des portes où je veux.

(là je me réjouis de ma propre bêtise métaphobrique !)

Je file la métaphore des briques.

Oui les mots servent à cacher une partie de ce que je suis

Le mur

Mais aussi à en construire une autre

Un autre mur.

Laquelle de ces deux parties est le plus moi ?

Celle (instinctive?) que je maquille ou celle (flatteuse?) que j'imagine ?

Certainement aucune des deux, mon Capitaine.

Ce que tu caches est ta part d'inconnue.

[Invité Leopardi]

Justement, comment reconnaître l'auteur d'un tag, d'un écrit, d'un smiley, etc. ?

S'il ne signe pas, il est bel est bien caché, non ?

En fait le tag est une signature, le plus souvent.

[Anna Kronisme 768]

Et dans cette considération, est-ce que tout ne serait pas signature ?

[Ocytocine 3 811]

+1

Une manière de s'exprimer, un tic d'écriture, un usage particulier des signes de ponctuation... ou une certaine utilisation des smileys constituent une signature.

[yop! 5 175]

Je trouve le texte tapé plus personnel que le smiley parce qu'on ne s'arrêtera pas sur les lettres. Elles sont des abstractions bien plus neutres, il n'y a plus d'analogie perturbatrice. Le texte est aussi un traître potentiel mais il offre quand même tout un tas de possibilités.

La standardisation de certains outils de communication dilue notre signature, surtout les outils de communication brève. On sait encore regarder au-delà mais je trouve que certains outils sont trop actifs. Les supports comme l'émoticône transmettent par eux-même des messages, leur standardisation est un message. Ils insèrent le mode dérisoire comme code, ils codifient le sourire, la colère...

Ce sont comme des petites BD insérées dans le texte (puisqu'on parle d'auteur du dessin). Il y a un autre usage : celui du gif (du nom du format informatique. C'est une image parfois une courte animation) extrait de films ou séries TV ou dessins animés utilisé sur pas mal de forums ou tchat. C'est comme une émoticône mais ici, on traduit ses réactions/émotion par des références visuelles issue de la culture populaire, et c'est souvent exagéré, un peu cartoon, comico-dérisoire.

Ex : GIF de la consternation

En fait, on peut les voir comme des petits ajouts mais s'ils empiètent trop sur les autres moyens d'expression, ils mangent les nuances et deviennent une sorte de novlangue. Sachant qu'il y a d'autres choses qui mangent notre expression : les phrases à l'emporte-pièce, le manque de vocabulaire, le texto,...

Pour finir sur le smiley... si je mets un petit clin d'oeil à la fin de mon texte, il sera identique au clin d'oeil utilisé par metal guru. Déjà que certains pensent que c'est mon double-compte... Or, c'est MON clin d'oeil.

[Invité Leopardi]

Et dans cette considération, est-ce que tout ne serait pas signature ?

Non pas vraiment, quel rapport ?

[metal guru 20 796]

Je trouve le texte tapé plus personnel que le smiley parce qu'on ne s'arrêtera pas sur les lettres.

Je pense que le smiley est incontournable sur un forum généraliste qui a beaucoup de lecteurs. Peut être que la section "philosophie" est celle où il a le moins d'utilité parce que les discussions sont plus pointues et regroupent un certain nombre de spécialistes qui ont l'habitude de converser entre eux, mais il est indispensable presque partout ailleurs.

Il est certain que si l'on voit le forum comme un cercle littéraire, le smiley est une hérésie, mais l'essentiel des discussions sont en réalité des dialogues de groupe comme on pourrait en avoir autour d'une table (une très grande table) de bistrot IRL, sauf que sur l'écran, le langage du corps est absent et que les intervenants ou les spectateurs ne se connaissent pas la plupart du temps.

Le smiley sert en principe à lever une ambiguïté sur le sens de la phrase ou à appuyer un sentiment. Si dans une conversation je dis à mon interlocuteur que que je vais dépecer son chat pour en faire de la blanquette et que je n'utilise pas de smiley, beaucoup vont prendre cette affirmation au premier degré alors qu'en réalité c'est une image parce que c'est mon interlocuteur que j'ai envie de de retrouver dans ma blanquette

Modifié le 7 septembre 2014 par metal guru

[Invité Leopardi]

Non pas vraiment, quel rapport ?

(peut-être confonds-tu "tag" et "graffiti", le tag étant une signature par définition, et le graffiti plutôt une "oeuvre" ?)

[Dompteur de mots 601]

La standardisation de certains outils de communication dilue notre signature, surtout les outils de communication brève. On sait encore regarder au-delà mais je trouve que certains outils sont trop actifs. Les supports comme l'émoticône transmettent par eux-même des messages, leur standardisation est un message. Ils insèrent le mode dérisoire comme code, ils codifient le sourire, la colère...

Ce sont comme des petites BD insérées dans le texte (puisqu'on parle d'auteur du dessin). Il y a un autre usage : celui du gif (du nom du format informatique. C'est une image parfois une courte animation) extrait de films ou séries TV ou dessins animés utilisé sur pas mal de forums ou tchat. C'est comme une émoticône mais ici, on traduit ses réactions/émotion par des références visuelles issue de la culture populaire, et c'est souvent exagéré, un peu cartoon, comico-dérisoire.

Effectivement. On peut donc y voir aussi le reflet de l'un des traits principaux de la société narcissique post-contemporaine, à savoir le règne de la décontraction. Par le smiley, on entretient une atmosphère de détente, de rigolade, de légèreté.

[Anna Kronisme 768]

Je pense que le smiley est incontournable sur un forum généraliste qui a beaucoup de lecteurs. Peut être que la section "philosophie" est celle où il a le moins d'utilité parce que les discussions sont plus pointues et regroupent un certain nombre de spécialistes qui ont l'habitude de converser entre eux, mais il est indispensable presque partout ailleurs.

Il est certain que si l'on voit le forum comme un cercle littéraire, le smiley est une hérésie, mais l'essentiel des discussions sont en réalité des dialogues de groupe comme on pourrait en avoir autour d'une table (une très grande table) de bistrot IRL, sauf que sur l'écran, le langage du corps est absent et que les intervenants ou les spectateurs ne se connaissent pas la plupart du temps.

Le smiley sert en principe à lever une ambiguïté sur le sens de la phrase ou à appuyer un sentiment. Si dans une conversation je dis à mon interlocuteur que que je vais dépecer son chat pour en faire de la blanquette et que je n'utilise pas de smiley, beaucoup vont prendre cette affirmation au premier degré alors qu'en réalité c'est une image parce que c'est mon interlocuteur que j'ai envie de de retrouver dans ma blanquette

Et quant aux interlocutrices ? :wub:

Pour le reste de ton intervention, je ne vais pas te contredire puisque je conçois l'utilisation du smiley de la même façon que toi et quelques autres déjà intervenus ici.

Mais, l'écriture ne devrait pas, en toute logique, inclure de langage corporel. Et c'est justement le débat... indirectement.

(peut-être confonds-tu "tag" et "graffiti", le tag étant une signature par définition, et le graffiti plutôt une "oeuvre" ?)

(Peut-être... )

Effectivement. On peut donc y voir aussi le reflet de l'un des traits principaux de la société narcissique post-contemporaine, à savoir le règne de la décontraction. Par le smiley, on entretient une atmosphère de détente, de rigolade, de légèreté.

Poils au nez (et sans smiley).

Je ne suis pas convaincue de l'usage du smiley à cette fin. Détente, rigolade et légèreté n'en ont nullement besoin. En revanche, le corps s'invite à la fête et c'est ce qui est nouveau.

Il y a, de plus en plus, un investissement corporel dans l'expression virtuelle - tentative de combler une absence, un manque, une faille - qui se retrouve ensuite "transformé" puisque nombre de personnes, adolescentes pour la plupart, miment les émoticônes lorsqu'elles s'expriment physiquement, désormais.

[metal guru 20 796]

Mais, l'écriture ne devrait pas, en toute logique, inclure de langage corporel. Et c'est justement le débat... indirectement.

C'est vrai en ce qui concerne l'écriture sous sa forme littéraire ou journalistique, mais celle des forums est très souvent du langage parlé reproduit par écrit. Quand on se retrouve à discuter avec une personne qui est en face, on va employer parfois certaines mimiques, la phrase aura une musique et un certain rythme, on va appuyer un mot pour faire ressortir un sentiment, l'accompagner éventuellement d'un soupir, sur les forums on remplace ça par des smileys.

Je pense aussi que plus l'intervention est longue moins les smileys sont indispensables, dans un paragraphe plus conséquent il est plus aisé d'afficher une idée générale et de faire ressortir l'état d'esprit de celui qui s'exprime, ce qui sera moins le cas sur un post qui comprend une seule phrase ou parfois simplement un mot. :blush:

Modifié le 9 septembre 2014 par metal guru