La mutinerie de Salerne.

Tout grand événement (par exemple : la Seconde Guerre mondiale) est lui-même composé de tout un tas d'événements plus petits. Certains deviennent célèbres, d'autres ne quittent guère l'ombre pour la lumière. Certains, enfin, demeurent pratiquement inconnus, et ce n'est que par hasard que l'on peut tomber dessus. C'est ce qui m'est arrivé à propos de la mutinerie de Salerne, qui s'est produite il y a juste 80 ans, en septembre 1943. Quand un événement historique demeure vraiment ignoré, il y a souvent de bonnes raisons à cela; personne n'a envie de s'en vanter. C'est le cas pour cette rébellion, qui fut tout simplement la plus grande mutinerie ayant touché les forces armées britanniques (air, terre, mer) au cours de leur histoire; on est assez loin des "Révoltés du Bounty!"

Salerne est une ville de la côte italienne, au sud de Naples. Jusqu'en septembre 1943, elle était surtout connue pour avoir abrité une des premières universités médicales d'Europe.

Aujourd'hui, c'est de nouveau une cité touristique et balnéaire très accueillante. Mais le 9 septembre 1943, l'enfer se déchaîna sur Salerne. Les Alliés venaient de rendre public l'armistice qu'ils avaient signé quelques jours plus tôt avec les Italiens. Tandis que des forces alliées débarquaient dans le sud de la botte italienne pour s'emparer de Tarente et que la VIIIe armée du général Montgomery remontait lentement vers le nord en suivant la côte, une puissante flotte anglo-américaine se présenta devant Salerne et commença à y débarquer des troupes. On avait envisagé de faire soutenir l'invasion par l'armée italienne, on avait même songé à larguer des parachutistes sur Rome, mais finalement on ne faisait pas assez confiance aux Italiens, et l'ancienne armée du Duce ne reçut aucun ordre, ce qui permit aux Allemands de la désarmer facilement et de l'envoyer dans des camps (dans le meilleur des cas). Le plan allié était facile à comprendre : il s'agissait de prendre dans un étau les forces allemandes du sud de l'Italie. Mais le maréchal Kesselring, qui commandait la Wehrmacht dans ce pays, n'était pas né de la dernière pluie. Tandis qu'il faisait remonter le plus vite possible vers le nord les garnisons du sud, il jeta tout ce qu'il avait sous la main sur les têtes de pont alliées de Salerne. Il s'agissait d'ailleurs moins de les rejeter à la mer que de gagner du temps. Ce fut le début de ce que l'on appela "les huit Jours de Salerne". Les Alliés faillirent bien être repoussés, et seule l'artillerie de la flotte leur permit de tenir bon.

C'est dans ce contexte que s'inscrit la mutinerie de Salerne.

La mutinerie de Salerne intervint quand, en septembre 1943, environ 200 soldats britanniques refusèrent d’être mutés dans de nouvelles unités en tant que remplaçants, aux premiers jours de l’invasion alliée de l’Italie.

Environ 1.500 hommes de la 50^e (Northumbrian) et de la 51^e divisions d’infanterie (Highland) avaient embarqué à Tripoli, pensant qu’ils allaient rejoindre le gros de leurs unités, basées en Sicile, puis allaient regagner le Royaume Uni, en préparation de l’opération « Overlord », l’invasion alliée en Normandie. Ces deux divisions avaient servi sous les ordres du général Bernard Montgomery au sein de la VIIIe armée, et étaient des vétérans de la campagne d’Afrique du Nord.

Une fois qu’ils furent à bord des navires, ces hommes apprirent qu’ils allaient rallier Salerne, en Italie, où les Alliés venaient de débarquer, pour rejoindre la 46^e DI (major-général John Hawkesworth) et le 56^e DI de Londres (major-général Douglas Graham), qui avaient toutes les deux subi de lourdes pertes. Ces deux divisions appartenaient au 10^e corps britannique du lieutenant-général Richard McCreery, qui lui-même faisait partie de la Ve armée américaine du lieutenant-général Mark Clark. Beaucoup de ces soldats eurent l’impression qu’on les avait délibérément trompés.

Quand les Britanniques débarquèrent, les combats venaient de se terminer, et une complète désorganisation régnait à Salerne - la tête de pont se remettait à peine d’une bataille de huit jours, durant lesquels les Allemands avaient failli rejeter les Alliés à la mer -, laissant ces hommes frustrés et en colère. Environ un millier d’entre eux, qui étaient des recrues de fraîche date, furent incorporés dans de nouvelles unités. Il restait 500 vétérans, parmi lesquels 300 furent cantonnés dans un champ voisin. Ils étaient encore là le 20 septembre, refusant de rejoindre des unités inconnues. Le lieutenant-général McCreery, chef du 10^e corps britannique, s’adressa aux réfractaires ; il admit qu’une faute avait été commise, et les assura qu’ils retrouveraient leurs anciennes unités, une fois que la région de Salerne aurait été sécurisée. Ces hommes furent aussi avertis des conséquences d’une mutinerie en temps de guerre.

Sur ces 300 soldats, 108 décidèrent d’obéir aux ordres, laissant un noyau dur de 192. Ils furent tous accusés de mutinerie envers les lois militaires. Il s’agissait du plus grand nombre d’hommes inculpés de mutinerie, dans toute l’histoire militaire britannique. Les accusés furent transportés en Algérie, où des cours martiales siégèrent à partir de la fin d’octobre. Tous furent déclarés coupables, et trois sergents furent condamnés à mort. Les sentences furent par la suite commuées en 12 années de travaux forcés, puis finalement suspendues.

Lors d’un débat à la Chambre des communes en mars 2000, un pardon officiel fut demandé par la députée du sud d’Aberdeen Anne Begg, qui prétendait que les mutins n’avaient pas refusé de se battre, mais avaient juste réclamé qu’une promesse faite par le haut commandement soit respectée. Toutefois, le ministre des Forces armées John Spellar rejeta la demande, indiquant que même si l’ordre de combattre au sein d’autres unités semblait injuste, le refus d’obéissance en tant de guerre constituait un grave crime, qui ne pouvait être pardonné.

Bizarrement, aucun cinéaste ne s'est jamais intéressé à cet épisode. Pourtant la ville de Salerne constituerait un décor aussi romantique que les îles du Pacifique que l'on voit dans les films consacrés au "Bounty".

il y a un tres intéressant musée de la bataille de Salerne dans un bâtiment de l'administration régionale campanienne , dans une banlieue de Salerne, mais il n'est absolument pas question de cet épisode... j'y suis resté plus de deux heures il y a quelques années...bloqué par un véritable déluge qui, de nos jours, ferait les gros titres des journaux télévisés...

cela dit  votre photo ne représente pas Salerne, mais Amalfi, juste au sud de Naples.  Il n'y a pas de montagnes aussi hautes sur la côte de Salerne et le front de mer est tres reconstruit,  conséquences des combats d'alors je pense...   mais il est vrai que si on google Salerno, on récupère plein de vues d'Amalfi!

il y a 30 minutes, vintagedaddy a dit :

il y a un tres intéressant musée de la bataille de Salerne dans un bâtiment de l'administration régionale campanienne , dans une banlieue de Salerne, mais il n'est absolument pas question de cet épisode... j'y suis resté plus de deux heures il y a quelques années...bloqué par un véritable déluge qui, de nos jours, ferait les gros titres des journaux télévisés...

cela dit  votre photo ne représente pas Salerne, mais Amalfi, juste au sud de Naples.  Il n'y a pas de montagnes aussi hautes sur la côte de Salerne et le front de mer est tres reconstruit,  conséquences des combats d'alors je pense...   mais il est vrai que si on google Salerno, on récupère plein de vues d'Amalfi!

 

 

 

 

Oups... C'est vrai. Mea culpa. J'ai été moi-même à Salerne (et aussi à Amalfi), mais c'était il y a longtemps. Toute cette région est d'ailleurs très belle.

Voilà, je l'espère, une vraie vue de Salerne :

C'est vrai que la mutinerie de Salerne n'est pas un épisode très connu - on comprend un peu pourquoi, les Anglais n'ont aucun motif de s'en vanter. 

voila cette fois c'est bon! on voit bien que le centre est tres reconstruit, cela m'avait frappé.  par contre le batiment de l'école de médecine, la plus ancienne d'Europe, est toujours debout a coté de la cathédrale!

si vous aimez les musées relatifs à cette époque, allez voir celui de Catane consacré au débarquement en Sicile!!!

en été c'est l'enfer , y a plein de bouchon , et pour s'y garer c'est la guerre !

il y a 23 minutes, Elbaid1 a dit :

en été c'est l'enfer , y a plein de bouchon , et pour s'y garer c'est la guerre !

Les charmes de l'Italie du sud.

il suffit de prendre le train!

pauvres soldats  condamnés par des personnes qui restent , la plupart du temps , dans un bureau !

ce n'est pas nouveau !